Phobies d’impulsion en post-partum : quand la peur de perdre le contrôle devient envahissante ( causes et ressources )
- Flavie Bousquet

- 24 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 août

Le post-partum est une période charnière dans la vie d’un parent, marquée par l’intensité émotionnelle, les bouleversements hormonaux et une fatigue souvent extrême. Pour certaines mères, cette phase est également le théâtre de pensées violentes, intrusives et angoissantes qu’elles n’osent pas toujours nommer : ce sont les phobies d’impulsion.
Dans cet article, je souhaite compléter un épisode de podcast sorti il y a un an en approfondissant ce phénomène peu connu mais pourtant fréquent, pour le rendre visible, compréhensible et surtout : déculpabilisé.
Qu’est-ce qu’une phobie d’impulsion ?
La phobie d’impulsion est un trouble anxieux qui se manifeste par des pensées intrusives et involontaires. Il ne s’agit pas d’un désir ou d’une envie réelle de passer à l’acte, mais d’une crainte intense de pouvoir le faire, malgré soi.
En post-partum, ces pensées prennent souvent des formes très spécifiques :
La peur de faire du mal à son bébé (le laisser tomber, l’étouffer, le noyer dans le bain, le blesser avec un objet coupant, etc.)
La peur de se faire du mal à soi-même (notamment si l’on souffre de dépression post-partum)
La peur de perdre le contrôle ou de devenir "folle"
Ce qui est crucial à comprendre : ces pensées ne sont pas des signes que la mère est dangereuse. Elles provoquent justement une angoisse profonde parce qu’elles sont à l’opposé de ce que la personne souhaite ou ressent.
Pourquoi ces pensées surviennent elles en post-partum ?
Le post-partum est une période particulièrement propice à l’apparition de troubles anxieux, en raison de plusieurs facteurs combinés :
1. Les bouleversements hormonaux
Juste après l’accouchement, les taux d’œstrogènes et de progestérone chutent brutalement. Ces hormones influencent directement l’humeur et la régulation émotionnelle. Cette déstabilisation hormonale peut fragiliser l’équilibre mental, comme c’est le cas pour le baby blues, mais aussi pour des troubles plus sévères.
2. L’état d’hypervigilance
L’arrivée d’un bébé réveille un instinct de protection intense. Le cerveau parental se met en mode alerte permanente ( ou programme de survie que l'on retrouve souvent en séance de TMC ) : le moindre bruit, pleur ou geste suspect peut être perçu comme une menace. Cette hypervigilance, couplée à la fatigue, peut favoriser l’apparition de pensées irrationnelles.
3. La peur de mal faire
La pression sociale, les normes parentales idéalisées, le perfectionnisme… Autant de facteurs qui alimentent la peur de ne pas être un "bon parent". Cette anxiété peut se traduire en pensées d’auto sabotage : "Et si je faisais quelque chose d’horrible sans le vouloir ?"
4. Le tabou de la souffrance maternelle
Le mythe de la maternité épanouissante peut isoler les mères qui ne se reconnaissent pas dans cette image. Elles ont parfois honte de ne pas être "heureuses", et encore plus honte de penser des choses qu’elles ne comprennent pas elles-mêmes.
Non, ce n’est pas un risque de passage à l’acte
Beaucoup de femmes gardent le silence face à ces pensées par peur d’être jugées, ou pire, qu’on leur retire leur enfant. Pourtant, il est essentiel de rappeler :
La phobie d’impulsion n’est pas un trouble psychotique. Les personnes qui en souffrent savent que ces pensées sont irrationnelles. Elles n’ont pas envie d’agir. Leur peur, c’est justement de perdre le contrôle.
Les phobies d’impulsion font partie des troubles obsessionnels (TOC). Elles peuvent être comparées à des "bugs" mentaux : la pensée surgit sans prévenir, choquante, intrusive, et s’accompagne d’une anxiété démesurée. Le cerveau l’interprète comme une menace… alors qu’elle ne représente aucune intention réelle.
Plus on résiste à cette pensée, plus elle revient. C’est un cercle vicieux.
La clé est donc d’apprendre à accueillir ces pensées sans leur donner de pouvoir, avec l’aide d’un.e professionnel.le
Comment faire face aux phobies d’impulsion ?
1. Identifier la pensée comme ce qu’elle est : une obsession.
Ce n’est pas un message de votre inconscient. Ce n’est pas un signe avant-coureur de danger. C’est une pensée intrusive, un "parasite mental".
2. Ne pas rester seule.
En parler à un·e professionnel·le formé·e aux troubles anxieux ou au post-partum (sage-femme, psychologue, psychiatre, etc.) permet de sortir de l’isolement et de mettre des mots sur ce que l’on vit. Cela ne veut pas dire qu’on vous jugera ou qu’on remettra en question votre capacité à être parent.
3. Ne pas chercher à éviter les situations
Éviter les ciseaux, refuser de donner le bain, ne plus vouloir être seule avec bébé… Ces comportements d’évitement renforcent l’idée que la peur est fondée. Avec l’aide d’un thérapeute, il est possible d’apprendre à se confronter progressivement à ces pensées, sans panique.
4. Se faire accompagner si besoin
Des approches comme la Technique Manuelle Cognitive ( TMC ) , la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), , ou encore l’EMDR peuvent être très efficaces pour traiter ces troubles. Dans certains cas, un traitement médicamenteux temporaire peut aussi être proposé.
Vous n’êtes pas seules, et vous n’êtes pas folles !
Ce qui rend les phobies d’impulsion si dures à vivre, c’est la solitude et la culpabilité. Mais il faut oser le dire : être une bonne mère, ce n’est pas n’avoir que des pensées douces. C’est aimer, même quand on souffre. C’est demander de l’aide quand on a peur.
Il est temps de lever le tabou sur ces pensées qui traversent, en silence, l’esprit de tant de mères. Elles ne font pas de vous une mauvaise personne. Elles ne vous définissent pas. Elles sont un signal de détresse, pas de danger.
Ressources utiles
Maman Blues : https://www.maman-blues.fr
Association Postpartum : https://www.association-postpartum.fr
Centre référent des troubles du post-partum (CHU proches de chez vous)
SOS Amitié : 09 72 39 40 50
Numéro national de prévention du suicide : 3114 (24h/24, gratuit)
🎙️ À écouter : épisode de podcast de Pachamama Podcast sur les phobies d'impulsions
Pour aller plus loin, je t’invite à écouter (ou réécouter) mon épisode sur les phobies d’impulsion post-partum, où je partage encore plus de détails, d’expériences et de pistes concrètes pour s’en sortir.
🟣 Épisode disponible sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, etc.



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